Work in Progress
Suicide :
Abby annonce dès le premier épisode quelle se suicidera lorsqu'elle aura jeté la dernière amande de son bocal. Cet élément est un leitmotiv durant toute la série. Cependant, le final reste ouvert et laisse entrevoir des perspectives plus optimistes.
Dépression :
Abby a plusieurs troubles de santé mentale, dont la dépression.
Troubles Obsessionnels Compulsifs :
Abby présente plusieurs TOCs, dont le lavage de mains compulsif et l'accumulation de carnets dans lesquels elle note toute sa vie depuis l'enfance.
Transphobie :
Lors du premier épisode, certaines réactions maladroites des amies d'Abby concernant Chris.
Mort :
Lors de la première scène, Abby se rend compte que sa psy est morte durant leur séance.
Pitch :
Abby, qui s'identifie comme une "fat, queer dyke" (une gouine queer et grosse), vit une période très difficile de sa vie. Sa rencontre avec Chris, un jeune homme trans, va changer son quotidien.
De quoi ça parle vraiment :
- De santé mentale
- De relations amoureuses et amicales
- De psychophobie et de grossophobie
Représentation et visibilisation
. Le personnage principal de Work in Progress est relativement inédit en terme de représentation: Abby est une femme queer, grosse et atteinte de troubles de santé mentale.
. La série comprend également un personnage trans sortant des représentations habituelles: il n'y a pas d'arc spécifique consacré à une quelconque "souffrance" souvent présentée comme inhérente aux parcours des personnes trans.
Personnes concernées
. Work in Progress est une série largement autobiographique créée par Abby McEnany, qui joue son propre rôle. Le projet est tiré d'un one-woman-show, devenu un pilote (présenté à Sundance), puis une série. Tim Mason, un ami de longue date, et Lilly Wachowski en sont les co-réalisateurices.
. Personnage de Chris, un homme trans, est joué par une personne concernée, Théo Germaine.
Feel Good
. Work in Progress est une série à l'humour parfois un peu sombre; elle aborde des sujets difficiles en utilisant un ton souvent enlevé (voir trigger warnings).
Militant
. L'existence même de cette série est un acte militant: il s'agit d'un projet autobiographique créé par des personnes concernées, et abordant de nombreuses thématiques politiques rarement présentées à la télévision.
. Lorsqu'Abby voit accidentellement le deadname de Chris, la série prend soin de flouter et de biper celui-ci systématiquement. Ce détail prend une dimension pédagogique: il permet de prendre conscience de la violence de l'évocation du deadname, et de rappeler qu'elle n'est absolument pas anodine. Pour les spectateurices, c'est l'occasion de se confronter aussi aux limites de Chris: nous non plus nous n’avons pas le droit de franchir cette limite et connaître son deadname.
Déconstruction
. La série représente l'écart générationnel entre les milieux LGBT des années 1990 et les milieux queers contemporains avec humour et bienveillance, tout en les caricaturant légèrement.
. Pour Abby McEnany, le fait qu'un personnage de femme queer et grosse de 45 ans puisse avoir le droit à une belle histoire d'amour dans une série est incroyablement important:
"Il est révolutionnaire de voir un personnage gros et plus âgé avoir un intérêt amoureux qui soit jeune et sexy. Les personnes grosses sont constamment diffamées. Et je dois dire que ma propre honte interiorisée est constante. Mon poids est une grande partie de mon histoire. C'est drôle, je n'ai pas honte de mon expression de genre, ou de ma sexualité, ou de mes troubles de santé mentale, mais je lutte avec ces histoires de poids, et j'essaie de m'en sortir, vous voyez ? Je n'en suis pas fière. J'ai honte de ça. J'ai honte de ma honte, je crois. C'est une partie très importante de cette série. Ca a été très cathartique pour moi."(interview avec Indiewire)
. Si le personnage d'Abby est notre point d'ancrage et inspire notre sympathie, il n'est pas exempt de défauts et a parfois tendance à ignorer les oppressions subies par les autres: ce point est flagrant lors du final de la série. SPOILER :
Voir spoiler Effrayée que Chris la quitte, Abby hurle son deadnale dans la rue. C'est un acte présenté comme très violent, qui ne mérite pas d'être pardonné.
. On peut également voir en Chris une déconstruction du Manic Pixie Dream Boy: enjoué, jeune, dynamique et sûr de lui, Chris correspond au trope. En tant que spectateurice, nous nous attendons (et espérons secrètement) qu'il aidera Abby à aller mieux, au risque de devenir un personnage unidimensionnel sans identité propre. Mais la série refuse ce carcan en présentant Chris comme une véritable personne et non un cliché: il n'existe pas uniquement pour aider et soutenir Abby; il possède des limites à ne pas franchir (les dynamiques autour de ce personnage ressemblent à celles mises en place pour Jules dans la série Euphoria).
Quelques films similaires :
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Série / Drame
🎬 Sam Levinson (2019)
Drame, Queer, Teen, Addiction, Transidentités.Euphoria
Autre / Stand-up
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Stand-up, Comédie, Neuroatypie, Queer, Féminisme, Misandrie.