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Relic

Relic

 Fiction / Horreur

🎬  Réalisé par Natalie Erika James  (2020)

❤️

  • Horreur
  • Drame
  • Santé Mentale
  • Chronique familiale

 Fiction


🎬 Réalisé par Natalie Erika James  (2020)


 1h30


❤️

Triggers Warning : Alzheimer, Claustrophobie, Body horror, Jump scare, Validisme[Voir les détails]

Alzheimer :

Le film fonctionnne comme une métaphore de la maladie d'Alzheimer; il s'agit d'un drame sur la dégradation de la santé d'une femme âgée. Les symptômes d'Edna se font de plus en plus nombreux au cours du film. Ce sujet est présent constamment et peut être difficile pour beaucoup de spectateurices.

Claustrophobie :

A partir de 00:58:28, Sam découvre un passage secret dans un placard et s'y engouffre. Elle erre ensuite dans un dédale étroit dont l'architecture ne cesse de changer pendant une grande partie du reste du film, paniquée et incapable de trouver la sortie. Le sentiment de claustrophobie est très présent dans ces séquences.

Body Horror :

Un corps en décomposition est montré dans les rêves de Kay (00:19:50; 00:47:29) / Des marques noires apparaissent sur la peau d'Edna au cours du film, et son corps semble se décomposer lentement. A 01:04:55, Edna se gratte et s'arrache des morceaux de peau. 01:07:13: nous voyons la poitrine d'Edna, dont la peau est en train de se décomposer. / A 01:06:54, Kay aperçoit Edna dans la salle de bain: elle est en train de se poignarder la poitrine de manière répétée. / 01:11:05: Alors que Kay cherche sa mère dans les couloirs de la maison, elle trouve celle-ci accroupie, en train de se mutiler le visage avec un couteau. Dans la même séquence, nous nous apercevons qu'Edna a le tibia brisé: un plan montre son os sortant de sa jambe. / 01:14:36: Alors que Kay et Sam tentent de s'échapper, nous voyons Edna, dont le corps semble désarticulé, ramper sur le sol à leur poursuite. La séquence qui suit est également impressionnante: Edna, dont le corps est de plus en plus décharné, attaque sa fille et sa petite fille, qui l'assomment alors violemment. / 01:18:40 : pendant la scène finale, Kay ne fuit pas et installe sa mère sur son lit. Elle prend alors Edna dans ses bras, l'embrasse, caresse son corps en décomposition et lui retire des lambeaux de peau. Le corps d'Edna est alors mis à nu: elle devient une figure noire, décharnée et vulnérable. La séquence est particulièrement éprouvante d'un point de vue visuel et émotionnel.

Jump scares :

A plusieurs reprises, Kay fait des rêves dans lesquels elle a des visions effrayantes, dans lesquelles nous voyons notamment un corps décharné. Ce ne sont pas des jump scares trop soudains, mais la nature des images et leur montage peuvent impressionner. (00:19:50; 00:47:29). / La séquence à 01:11:05 peut aussi fonctionner comme un jump scare: Alors que Kay cherche sa mère dans les couloirs de la maison, elle trouve celle-ci accroupie, en train de se mutiler le visage avec un couteau.

Validisme :

A 00:39:10, Edna utilise une insulte validiste pour parler de Jamie, un jeune voisin trisomique.

Pitch :

PUBLIC TRES AVERTI

Lorsque Edna, une femme octogénaire, disparaît subitement, sa fille Kay et sa petit-fille Sam se rendent dans sa maison afin de comprendre ce qui s'est passé. Un matin, elles découvrent qu'Edna est revenue, sans pouvoir dire où elle était, ni pourquoi. Peu à peu, Kay et Sam ont la sensation qu'une force néfaste se développe dans la maison.

De quoi ça parle vraiment :

  • De liens intergénérationnels
  • De la maladie d'Alzheimer
  • De deuil
Représentation et visibilisation
Personnes Concernées
Feel Good
Militant
Déconstruction

Représentation et visibilisation

. Comme beaucoup de films d'horreurs ces dernières années, Relic est en réalité davantage un drame psychologique. Natalie Erika James utilise le genre horrifique pour construire un récit sensible autour de thématiques difficiles: la mort, le deuil et la maladie d'Alzheimer.

. Le film explore également les dynamiques familiales entourant Edna, ainsi que les peurs et insécurités liées à la maladie d'Alzheimer au sein d'une famille.

Personnes concernées

. Relic est le premier film de la réalisatrice et co-scénariste Natalie Erika James, une femme cis australienne. La jeune femme a écrit ce film en se basant sur sa propre expérience, car sa grand-mère était atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Feel Good

. L'ambiance du film est très sombre, angoissante et inquiétante. Certains passages sont assez difficiles à regarder si on est sujet à la claustrophobie ou si on est particulièrement sensible à l'horreur corporelle (voir trigger warnings).
Relic utilise les codes des films de maison hantée et contient quelques jump scares (images effrayantes apparaissant soudainement à l'écran).

. Enfin, le sujet particulièrement dramatique et sensible de la maladie d'Alzheimer rend le visionnage difficile d'un point de vue émotionnel.

Militant

-

Déconstruction

. Relic déconstruit habilement les clichés relatifs à la représentation des personnes âgées et des troubles de santé mentale dans le cinéma d'horreur. Historiquement, l'utilisation du trope de la "vieille personne" se fait au détriment de son humanité; il en va de même pour les personnages atteints de troubles de santé mentale. Ces personnages sont considérés comme inquiétants, menaçants, dangereux, et tombent extrêmement souvent dans la psychophobie, le validisme et l'âgisme.
Avec Relic, la réalisatrice utilise les codes habituels de la maison hantée et du thriller psychologique pour tenter de dépeindre avec empathie la terreur ressentie par Edna alors que sa maladie avance, et le sentiment d'impuissance de sa famille. La maison elle-même devient alors une métaphore de sa perte de repères: son architecture change, devient confuse et oppressante. Pendant une grande partie du film, la famille (et par extension, nous spectateurices) considère Edna comme une menace pour elle et son entourage: certains de ses actes sont en effet dangereux et/ou violents. Mais au fur et à mesure ( et surtout pendant sa scène finale), Relic tente de déconstruire les biais validistes, âgiste et psychophobes que nous pouvons posséder en créant un sentiment d'empathie avec le personnage. Edna n'est pas utilisée comme une figure déshumanisée dans le but de créer un sentiment de peur et d'étrangeté, mais dépeinte comme une personne en souffrance.

. Le film déconstruit également un autre cliché âgiste très largement utilisé dans le cinéma horrifique: le corps de la femme âgée comme vision d'horreur. Dans de très nombreux films, nous retrouvons cette idée que la vue d'un corps âgé nu et non conforme à des standards de beauté sexistes, grossophobes et validistes doit provoquer le dégoût et la peur (dans The Shining, par exemple, ou plus récemment dans The Witch ou Hérédité).
Relic déconstruit ce cliché problématique en questionnant notre rapport à ce type d'images: le "malaise" provoqué par le corps d'Edna et les marqueurs de sa santé en dégradation est questionné et remis en cause pendant la dernière séquence. La réalisatrice explore l'aspect émotionnel de l'horreur corporelle pour créer de l'empathie avec son personnage, et nous mettre face à notre rapport inconfortable au corps vieillissant ou malade.
La dernière scène, bien que difficile à regarder en raison de son aspect "body horror", déconstruit les tabous liés à la représentation du corps âgé et malade, et possède une symbolique extrêmement touchante.

Bémols

. Malgré les bonnes intentions du film, il faut néanmoins noter qu'une fois encore, le point de vue est celui d'une personne valide et d'âge moyen (celui de la réalisatrice, qui prend appui sur sa propre expérience). Ce point de vue a évidemment ses limites en terme de légitimité, car le film se concentre tout de même sur la figure de "l'Autre" et met l'accent sur l'expérience de l'entourage avant tout (même si le traitement est empathique).

. On peut également questionner l'intérêt d'utiliser le genre horrifique pour traiter d'un tel sujet (même si la démarche est importante afin de déconstruire un historique de représentations stigmatisantes dans le cinéma d'horreur).

. Si le film nous semble déconstruire la figure de la "vieille personne" comme trope horrifique et la stigmatisation des personnes atteintes de troubles de santé mentale dans le cinéma d'horreur, le fait qu'Edna soit menaçante pendant la deuxième partie du film peut véhiculer des clichés problématiques sur la violence physique et la dangerosité des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.

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