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Black Christmas

Black Christmas

 Fiction / Horreur

🎬  Réalisé par Sophia Takal  (2019)

  • Horreur
  • Teen
  • Misandrie
  • Sororité

 Fiction


🎬 Réalisé par Sophia Takal  (2019)


 1h33

Triggers Warning : Viol, Meurtre[Voir les détails]

Viol :

L'héroïne a été violée par un membre d'une fraternité. Ce viol est évoqué à de nombreuses reprises et montré en flashbacks lors de la scène finale.

Meurtre :

Black Christmas est un slasher movie: plusieurs personnages sont tués au cours du film (sang).

Pitch :

PUBLIC AVERTI

Sur un campus américain, Riley vit avec ses amies au sein d'une sororité. La jeune femme tente de se reconstruire après avoir été violée par un membre d'une fraternité, alors que personne n'a pris son témoignage au sérieux. Après un spectacle polémique dans lequel elles accusent publiquement le violeur, Riley et ses amies commencent à recevoir des messages anonymes et des tentatives d'intimidation. Elles comprennent vite qu'un tueur masqué est à leurs trousses, et qu'elles vont devoir lutter ensemble.

De quoi ça parle vraiment :

  • De violences sexuelles (plus précisément sur les campus américains)
  • De culture du viol
  • De patriarcat
  • De masculinité toxique
  • De sororité
Représentation et visibilisation
Personnes Concernées
Feel Good
Militant
Déconstruction

Représentation et visibilisation

. Ce remake de Black Christmas parle très directement de culture du viol et d'oppressions sexistes (expliquant la réception virulente de beaucoup d'hommes cis hétéros jugeant le film misandre et par conséquent nul). Le film choisit de rejeter toute subtilité pour délivrer son message: ici, les ennemis sont les hommes cis hétéros blancs privilégiés.

. Il est aussi très plaisant de voir un teen movie d'horreur insistant sur la notion de sororité. Cette thématique est présente tout au long du film, malgré quelques frictions entre les héroïnes.

Personnes concernées

. La réalisatrice Sophia Takal est une femme cis blanche. Elle a également co-écrit le scénario avec April Wolfe (une autre femme cis blanche).

Feel Good

. Black Christmas est un slasher somme toute assez classique dans sa forme, mais possède un côté "revenge fantasy" très satisfaisant. Cependant, le film aborde tout de même des thématiques difficiles liées à la culture du viol.

Militant

. Quelques séquences du film abordent la question du militantisme sur les campus (la meilleure amie de l'héroïne lutte activement contre la misogynie et le suprémacisme blanc systémiques dans l'enseignement, et fait retirer une statue du fondateur de l'université). Une scène de cours donné par un professeur cis hétéro blanc fait également référence aux plaintes actuelles des étudiant·es concernant le manque de diversité dans les sujets d'enseignement et les auteurices étudié·es.

. Une scène du film aborde les conséquences de certains actes militants sur les survivant·es d'agressions sexuelles. SPOILER : Voir spoiler Lorsque Riley apprend qu'une vidéo d'elle accusant son violeur circule, elle confronte l'amie qui a diffusé les images. Leur dialogue explore le conflit entre le besoin de dénonciation et la nécessité de respecter le choix des survivant·es et de garantir leur sécurité. Malheureusement, le film et son final semblent valider ce type d'actions militantes parfois dangereuses, et ne creuse pas ce sujet davantage. (voir "Bémols")

. Même si les motivations du studio Blumhouse sont très probablement financières (beaucoup de studios produisent des films abordant des thématiques féministes depuis le mouvement #MeToo), le fait qu'un slasher grand public et sans grandes prétentions diffusé en salle contienne ce type de message (même s'il n'est pas forcément très poussé) est une avancée pour la visibilisation du sexisme au cinéma et plus particulièrement dans le cinéma d'horreur. Enfin, nous avons droit à un slasher classique, sans le sexisme insupportable qui domine habituellement le genre (le film a d'ailleurs été plutôt bien reçu par des jeunes femmes aimant le cinéma d'horreur, et trouvant enfin un film qui s'adresse directement à elles).

Déconstruction

. Black Christmas utilise les codes classiques du "slasher movie" pour en en déconstruire certains clichés. Historiquement, le slasher est un genre raciste et sexiste dans lequel les personnages racisés meurent rapidement. SPOILER : Voir spoiler Ici, Kris, la meilleure amie de l'héroïne, (une femme noire et activiste féministe, deux personnages historiquement tués dans un slasher alors que l'héroïne blanche et timide est épargnée) survit et joue un rôle important au cours du film. Chose encore relativement rare dans les teen-movies, le personnage de l'activiste féministe et antiraciste n'est pas moqué, et ses actions sont validées. Quant à Landon, étudiant noir et fondamentalement gentil, il est le seul homme survivant à la fin du film.

. Le scénario de Black Christmas met l'accent sur le caractère systémique des oppressions sexistes et échappe au piège de l'essentialisme en sous-entendant le fait que la masculinité toxique est inculquée, protégée et encouragée, mais absolument pas innée. A travers le personnage de Landon, le film offre un sous-texte sur les liens entre le patriarcat et la suprémacie blanche institutionnelle.

. Enfin, Black Christmas déconstruit le trope de la Final Girl (ce personnage de femme blanche, souvent vierge, timide et empathique qui est la seule survivante du slasher movie). SPOILER : Voir spoiler Ici, les Final Girls sont multiples: un groupe de femmes aux profils différents se battent et détruisent le symbole patriarcal et suprémaciste qu'est la fraternité d'hommes cis hétéros blancs.

Bémols

. Dans sa volonté de livrer un message "empowerant" pour les jeunes femmes, Black Christmas délivre pourtant un message relativement problématique pour les survivant·es de viol et d'agressions sexuelles. En effet, malgré quelques séquences explorant la difficulté de dénoncer les violeurs et les dangers qui en découlent, le message global du film semble être "Il faut absolument se battre" (une réplique de l'héroîne l'explicite dans la dernière séquence). Ce type d'injonction fonctionne dans le contexte d'un film de "revenge fantasy", mais peut être très néfaste pour les survivant·es dans la vraie vie. Ce message ignore l'expérience de beaucoup de personnes, qui ne peuvent, ou ne veulent pas affronter un système qui n'est pas construit en leur faveur.

. Au cours du film, le traitement du traumatisme du viol est parfois trop léger. Si certaines scènes rendent compte des difficultés de l'héroïne, d'autres séquences survolent la question de manière peu empathique et par conséquent, problématique.

. Au cours du film, Kris diffuse sur les réseaux une vidéo de Riley dénonçant son violeur: un dialogue entre les deux jeunes femmes présente ce geste comme problématique car dangereux et fait sans consentement, mais le message global du film semble valider ce type d'actes (injonction à parler, à "se battre").

Films Similaires :

Assassination Nation (Sam Levinson - 2018),
All Cheerleaders Die (Lucky McKee, Chris Sivertson - 2013),
Bit (Brad Michael Elmore - 2019).

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